bilan de la semaine

À la question : Qui pourrait-on aujourd'hui désigner comme "Dealer du numérique" ?

vous avez répondu par ordre de décroissance : Google, Facebook, Apple, Amazon, réseaux sociaux, etc. Google apparaît clairement perçu comme le plus problématique à cet égard. Notons aussi que les concepteurs des grands jeux MMORPG (massive multiplayers online role playing games) tels que World of Warcraft ou les grands jeux de tir en ligne tels que Call of duty ou les jeux étudiés pour être addictogènes tels Candycrush ne sont pas ou très peu cités comme possibles dealers du numérique.

Carole a fortement réagi aux deux liens mis en introduction, notant que nous acceptons aujourd’hui que les grandes entreprises du numérique organisent nos vies alors qu’il y a quelques années de telles ingérences auraient provoqué de grandes manifestations.

A la première question : Que diriez-vous de  la manière dont notre attention est captée, orientée et utilisée dans nos usages du numérique ? Trouvez-vous que la publicité et les modes de marketing sont, dans leur usage actuel, bienvenus ou trop envahissants ?

Catherine, soutenue par Mtarzaim, relève le côté massif et intrusif de la captation de notre attention, pas seulement captée dans les temps morts, les temps de "disponibilité", elle est captée par détournement de la tâche que nous sommes entrain de réaliser. Elle note que les internautes adoptent des stratégies défensives face aux nouvelles stratégies de plus en plus séductrices, ciblées et intrusives.
Sylvie pointe notre liberté de réaction face à ces intrusions, en s’y exposant le moins possible et en développant une ignorance active à son égard.
Carole  insiste sur le fait que notre attention est captée par le prisme du registre affectif. « Si le numérique a tant de succès, c’est parce qu’il sait surfer sur les émotions des gens.
Enfin, Suzsur voit une collusion organisée entre tendance au buzz, voir au trash, utilisation de malwares (logiciels malveillants) et enfin cookies, « véritables espions pour connaître nos goûts » le tout visant à nous faire regarder la publicité qui fait vivre ces entreprises.

A la deuxième question : Beaucoup de services et produits des principales entreprises du numériques sont « gratuits ». Pourtant leurs bénéfices et investissements annoncés sont souvent impressionnants. D’où vient l'enrichissement de ces entreprises ? Quelle est la marchandise ? Quels sont les ressorts de ce marché ?

Si « l’on commence à savoir que les groupes tels que Facebook ou Google s’enrichissent grâce à la commercialisation des données personnelles »… « Nous ne savons ni quelles données sont collectées ni comment elles le sont, ni à quelles fins elles le sont, ni comment ces groupes en tirent parti » nous dit Catherine approuvée par Sylvie : « Une nébuleuse inquiétante… d’autant plus que nous ne connaissons pas le dessous des cartes, que les dangers se dévoilent au fur et à mesure que nous l’utilisons… » qui nous conseille au passage de participer aussi à la prochaine session du mooc « Soyez acteur de la sécurité de l’information ». Le webinaire de vendredi dernier, avec Sophie Jehel, a d’ores et déjà amené quelques éléments de réponse face à ces inconnus. Nos données sont « gratuites pour nous mais lucratives pour eux » nous dit Bzzz et parallèlement on constate que « nous leurs sommes transparents, ils nous sont opaques » ajoute-t-il. Mtarzaim enfin estime que les entreprises donnent trop d’importances à l’utilisation de ces données et que lorsqu’elles finiront par se rendre compte que « le big data ne tient pas ses promesses, le système s’écroulera de lui-même ».

Question 3 : Quels avantages et quels dangers individuels et collectifs voyez-vous à cette situation ? Sommes-nous des victimes consentantes ou des consommateurs mieux avertis et des citoyens mieux informés ?

Sevrine, approuvée sur ce point par Jphed, suppose « que le système a une certaine capacité de stockage qui ne permet pas de stocker indéfiniment des données » mais suppose aussi « qu’on tend vers une maximalisation des capacités de gestion ». Effectivement : comme il a été dit lors du webinair, le centre d’interception des communications de Bluffdale (UTAH) inauguré à l’Automne 2013 par la NSA a des capacités de stockage inédites mesurées en yottabits (10 puissance 24 bits) en sachant qu’un yottabit correspond environ à 1000 ans du traffic mondial sur Internet prévu en 2015 (source : Le Monde, Géo et politique, P. 2 et 3, jeudi 29 Août 2013. ).Virgom67 nous a transmis un article très intéressant de Louise Merzeau sur ces questions  intitulé : « Faire mémoire des traces numérique » que nous vous conseillons vivement : http://www.ina-expert.com/e-dossier-de-l-audiovisuel-sciences-humaines-et-sociales-et-patrimoine-numerique/faire-memoire-des-traces-numeriques.html
Catherine relève que nous laissons à la fois des traces volontaires et des traces involontaires et que même une utilisation passive laisse beaucoup de traces. Elle relève aussi que le succès de Snapchat qui ne laisse les images partagées visibles que quelques secondes montre que même les jeunes sont demandeurs d’applications qui ne laisseraient pas de trace. Elle ajoute enfin : « Nous sommes pris dans le jeu de structures informationnelles qui sont au cœur d'une nouvelle forme de capitalisme. Nous sommes dépendants et captifs d'internet, de nos réseaux, de nos objets… mais est-ce pire qu'avant où nous étions dépendants et captifs d'autres structures, d'autres médias, d'autres formes de pouvoir ? (…) Nous inventerons de nouvelles formes de résistance ! » Pour Auvinet nous sommes des victimes consentantes et si nous l’étions moins, « il se développerait des applis allant dans ce sens ». Cardoso nous transmet à son tour un article instructif de Jean Luc Raymond qui contient des liens permettant d’évaluer les informations multiples qui sont extraites de nos données : http://jeanlucraymond.fr/2014/11/22/ce-que-google-les-reseaux-sociaux-et-les-services-en-ligne-savent-de-vous/ Suzsur lui voit plutôt le danger du côté des états qui veulent régir le net, par exemple le streaming illégal, et regrette le temps où « Internet était un espace de liberté ». Enfin, YPrié (de l’équipe du mooc), nous propose deux liens intéressants : Un article en anglais sur un livre qui vient de sortir sur la société et les algorithmes : The Black Box society http://www.newrepublic.com/article/120987/pasquales-black-box-challenges-digital-sphere-run-algorithms Et : Texte de l'intervention du sociologue Antonio Casili lors du colloque « La France dans la transformation numérique : quelle protection des droits fondamentaux ? », Conseil d’État, Paris, 6 février 2015.

Question 4 : Quel est le comportement des principales entreprises du numérique vis-à-vis de la loi des états ? Leurs modes de fonctionnement sont-ils légaux ?


Pour Bzz, « les grandes entreprises supranationales du numérique, comme la plupart des multinationales d’ailleurs, font fi au maximum des lois des états» Mtarzaim, après un développement bien mené, arrive à la conclusion que d’une part la légalité de certains pays est à maints égards critiquable et que d’autre part assimiler « entreprise qui viole la loi » à « mauvaise entreprise » est un peu trop simpliste. Il ajoute aussi : « On ne peut donc pas imposer aux entreprises des carcans législatifs toujours plus restrictifs, tout en les laissant dans un environnement économique qui favorisent les coups les plus tordus. Il faut repenser un système économique qui soutient les entreprises respectueuses des lois, au lieu d'un système qui favorise celles qui savent contourner lesdites lois. »

Le défi de la semaine : Trouvez le maximum de renseignements sur les deux algorithmes de recommandations à partir de nos données de Google : PageRank et de Facebook : EdgeRank n’a, pas rencontré un grand succès. Certes la question n’était pas évidente. Mais lors du webinaire, Sophie Jehel a insisté sur le fait que la notion d’algorithme mérite cependant d’être approfondie : il est important de savoir ce que c’est qu’un algorithme et de repérer que cela fait partie des centres névralgiques les plus efficaces et les plus secrets de ces grandes entreprises…

Enfin à la dernière question : Que font les principales sociétés du numériques (ex : Google) de leur argent et de leur pouvoir d’influence ? Quelle est la philosophie qui les anime ?

Cardoso recommande un lien avec Framasoft, site « militant et éthique » :  http://degooglisons-internet.org/  Bzz quant à lui, pointe la manière dont ces grandes entreprises rachètent tout ce qui semble novateur. Ainsi, depuis 2001, Google a racheté 170 sociétés avec les ingénieurs les plus brillants et les inventeurs les plus originaux. Sur la philosophie de Google, il propose une vidéo de Laurent Alexandre assez édifiante : http://WWW.youtube.com/watch?v=kKwZmwmz_Zc
Mtarzaim enfin va loin : il « pense que nous assistons à une mutation profonde de nos sociétés. Le pays s'efface au profit de l'entreprise. Demain, nous ne serons plus français ou russes, mais Google ou Facebook. Notre appartenance professionnelle sera notre nationalité devenue mondialité. Pour le meilleur ou pour le pire, ces super-entreprises sont en passe de réaliser ce que les plus grands conquérants ont échoué à réaliser : unifier le monde sous une même bannière. » !... Waow !

Les échanges peuvent continuer sur la semaine 5 et aussi se  poursuivre sur la semaine 6 !